Les trottoirs partagés piétons-cyclistes à l'étanger


Novembre 2016
CEREMA
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En France, les trottoirs mixtes (piétons-cyclistes) n'ont pas d'existence règlementaire. Pourtant, ce type d'aménagement se développe, y compris sur des espaces déjà très restreints pour les piétons. Les accidents corporels sont rares, mais les accrochages et échanges virulents rendent les déplacements désagréables pour les deux parties.

Dans d'autres pays européens, les trottoirs existent bel et bien, avec ou sans séparation. Obstination délibérée de la France à faire évoluer son code de la route ? Pas vraiment. D'après les retours d'expériences de nos voisins, cet aménagement n'est pas la solution miracle. Son utilisation est même à envisager en dernier recours lorsque toutes les autres alternatives n'offrent aucun résultat viable et durable.

Ainsi, l'aménagement d'un trottoir partagé piétons - cyclistes sans séparation revêt toujours à l'étranger un caractère exceptionnel. La volonté d'accorder plus de place au vélo doit se faire au dépens de la voiture, et non du piéton.

=== Aspects techniques ===

Dans les pays étudiés, le trottoir mixte est utilisé dans les contextes suivants :

* circulation des cyclistes sur la chaussée jugée risquée

  • trafic élevé (> 1 000 véhicules / jour si vitesse limitée à 50 km/h, dont 10% ou plus de poids lourds)
  • voies étroites créant des conflits entre cyclistes et véhicules motorisés
  • vitesses élevées (≥ 50 km/h)
  • ponts et tunnels
  • intersections importantes et dangereuses

* emprise insuffisante après suppression du stationnement sans permettre d'aménager des bandes ou pistes cyclables. Le stationnement de véhicules motorisés n'est pas un argument contre la création d'un aménagement cyclable.

* situation de compatibilité piétonne

  • trottoirs peu fréquentés : < 100 usagers/heure
  • forte proportion de piétons, faible proportion de cyclistes

* contexte général non accidentogène

  • peu d'intersections et de sorties riveraines
  • tronçon court
  • bonne visibilité et peu de courbes

* nécessité de garantir une continuité cyclable

* pentes inférieures à 3% (ou alors, autoriser la circulation à vélo uniquement dans le sens de la montée)

Le CEREMA insiste sur le fait que le maintien du stationnement sur la chaussée ne justifie pas l'absence de création d'un aménagement cyclable. L'abaissement de la vitesse maximale autorisée (zone 30, zone de rencontre) doit également être envisagé avant d'aménager un trottoir mixte.

En terme de largeur, un tel aménagement répond aux critères suivants :

  • circulation vélo unidirectionnelle : au minimum 2 mètres libres de tout obstacle, 2,5 mètres recommandés
  • circulation vélo bidirectionnelle : au minimum 3 mètres libres de tout obstacle, 3,5 mètres recommandés

Si le contexte est accidentogène (manque de visibilité, nombreuses sorties riveraines, plusieurs intersections, flux piétons et/ou cyclistes importants etc), une largeur minimum de 0,5 mètre supplémentaire est conseillée. Un diagnostic en amont, une concertation avec les riverains et les associations, et éventuellement une phase de test permettra de s'assurer de la bonne adéquation du trottoir mixte.

Nota bene : cette étude est un retour d'expériences sur les trottoirs mixtes à l'étranger, dans les pays qui ont définis un cadre à cet aménagement. En France, le trottoir mixte n'a aucune existence réglementaire et ne doit donc pas être conçu en tant que tel. Selon le contexte, la zone de rencontre, l'aire piétonne, la piste cyclable accolée au trottoir ou la voie verte sont des alternatives possibles.


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